Retourner à 30 ans sur les bancs de l’école est de plus en plus fréquent. Un nouveau départ qui demande beaucoup d’investissement personnel et de courage. La trentaine est une période charnière dans une vie : des enfants, le mariage, l’achat d’une maison, un nouveau job.. Rencontre avec Nadia 33 ans : après avoir passé son enfance à l’étranger, elle décide de s’installer seule à Toulouse avec ses 3 enfants pour reprendre ses études. Active et dynamique, cette jeune femme travaille toute la semaine ses cours et projets de l’ESGCF, en même tant qu’elle révise les programmes de moyenne section de maternelle, de CE2 et de 6ème ! Découvrez le portrait et les conseils de cette célibattante wonderwoman du XXIème siècle !
L’apprentissage en autodidacte
Après une terminale L, puis des études en arts plastiques option arts appliqués Nadia s’est dirigée vers la communication visuelle. « Puis j’ai voulu réfléchir et sortir des établissements d’études supérieures dans lesquels j’étouffais, je voulais travailler en indépendante, donc je me suis formée toute seule, en faisant fi des diplômes : j’ai beaucoup appris en autodidacte, mode d’apprentissage qui me plaît énormément. J’ai fait une formation par correspondance au métier de correcteur d’édition, car cela me démangeait depuis des années. Et un beau jour, à force de bénévolat et de prise de contact timide, je me suis installée en tant que graphiste freelance. » Le hic, c’est que cela n’a pas marché, mauvaise étude de marché, région pauvre et sélective et la crise n’a rien arrangé.
Pourquoi avoir décidé de reprendre les études ? C’est un vrai défi ?
Ma vie a explosé, j’ai donc fait un énorme retour sur moi, et comme je ne suis pas de nature à me laisser abattre longtemps, j’ai tout déployé, et pris les événements à bras le corps, pour venir m’installer (avec mes 3 enfants) dans la ville de mes études d’arts. Petit bonus du « port d’attache » (un peu de famille sur Montauban) pour avoir un peu d’aide mais … je ne sollicite d’aide que rarement, car ma vie résulte de mes propres décisions et j’ai pour principe d’assumer, et de me débrouiller, sans compter sur les autres.
Après avoir testé le système « sans diplôme, en autodidacte » et avoir cru en différents dispositifs plus bidons les uns que les autres, Nadia a finalement décidé de valider un diplôme : d’une part parce que la France, c’est ça : « vous avez un diplôme, vous méritez un travail, et vous mettrez moins de temps à gravir les échelons ».
Pourquoi à l’ESGCF Toulouse ?
Quand je décide quelque chose, il faut que cela soit entrepris rapidement. J’ai programmé de travailler en CDD pendant 6 mois (j’en ai trouvé un par chance) pour financer ensuite mes études. J’ai opté pour une formation qui me permettrait une immersion radicale et sûre en passant par une école fiable, validant un titre reconnu. De plus, j’ai flashé sur la mise en relation avec de nombreuses entreprises et sur la plaquette de présentation de l’école. Je voulais trouver une alternance, mais finalement je me suis inscrite en formation initiale faute d’avoir trouver une entreprise pour m’accueillir.
Ton intégration avec les autres étudiants ?
J’avais déjà été en formation avec des personnes plus jeunes, par le passé, mais là, je dois dire que cela a été différent. Mon expérience professionnelle a induit une sorte de décalage avec le contenu des cours.
Je n’avais pas envie de parler de ma situation personnelle, j’ai préféré rester discrète car j’étais là pour étudier et travailler dur, de plus je me sentais aussi en décalage total au niveau expérience de vie. Et quand les étudiants apprennent ma situation, cela suscite à chaque fois l’étonnement.
Finalement, le hasard fait bien les choses, j’ai «sympathisé grave» avec les 2 autres trentenaires de la promo. J’ai analysé qu’au début, elles et moi semblions miser sur l’idée « tous étudiants », donc « dans le même panier, mais en fait, force est de constater que des clans se sont formés, certains ne s’adressant même pas la parole, puis petit à petit la sympathie s’est transformée en éloignement, et les travaux de groupes ont créé de nouveaux liens, et de nouvelles affinités, notamment avec ces deux nouvelles copines que j’adore !
Je pense que sinon, je ne suis pas trop mal intégrée 😉
Une vie de Wonderwoman
Avec des enfants, tu as le facteur « imprévu » qui plane au dessus de toi, et, quand tu te réveilles, que (catastrophe!) tu dois gérer fièvre et babysitter à trouver en urgence et école à prévenir, ou quand tu dois lire 3 fois une histoire alors que tu as ton projet à terminer, ou … quand tu as la crise du matin (« nooooon je veux une rooobe et des chaussures qui font du bruit !!!! » alors que tu sais que le formateur ferme la porte à 8h30 et 01 nanoseconde et que tu risques de rester sur le canapé de l’école, avec un café jusqu’à la pause de 10h… eh bien … il faut savoir faire totalement abstraction de ce qui est « à faire » et se concentrer entièrement sur le moment présent.
Pas facile tout de même, de constater le manque de recul des plus jeunes, parfois déroutant, il faut s’adapter, leur faire comprendre qu’ils doivent aussi s’adapter en retour (quand les horaires ne correspondent pas à ma vie de wonderwoman) et trouver des compromis.
Le parcours du combattant
Je me couche hyper tard, j’oublie des fois de manger… (Non Maman, c’est une faute du journaliste, je n’ai pas écris ça). Je dose sorties et bien-être des enfants avec temps de travail, et je ne suis pas adepte de la télé-nounou, ni des plats préparés… alors c’est sportif !
De plus, j’aime être active professionnellement, réfléchir et agir. J’ai même des projets en extraprofessionnels, dans l’éducation (interventions sur la question de genre et éveil aux questions de mixité, sexisme, etc) et le e-commerce, et d’autres projets à réaliser, des buts à atteindre. Je précise quand même que j’apprécie les temps calme et le farniente, les vacances (ce mot n’a plus trop de sens pour moi depuis le temps).
Souhaites-tu continuer les études, faire un master ?
J’avoue que physiquement, je fatigue, là, mais j’ai une motivation à toute épreuve, mon rêve est de faire un mastère. J’ai passé le concours d’entrée pour intégrer le mastère à Digital Campus de Toulouse, auquel j’ai été reçue ! Donc l’aventure continue..
Quels sont tes conseils, pour ceux qui souhaitent reprendre les études :
Il n’y a pas que les résultats scolaires qui importent, mais il faut savoir qu’il faut parfois retourner user les bancs des écoles, crouler sous les cours, et jongler pendant un an ou plus, pour obtenir une formation qui nous permettra de réaliser une carrière.
Je mets toute ma (bonne) volonté. Il n’empêche que je ne peux pas accorder autant de temps à mes devoirs/projets que les autres, et lorsque je vois sur mon relevé de notes du 1er semestre qu’il faudrait que je sois plus « régulière » dans mon travail … je souris avec un peu d’amertume…
Je vous conseille de suivre votre instinct ! Chaque parcours est différent, et chaque vie aussi, certain(e)s ne pourront pas faire autrement que des cours du soir, d’autres attendront de pouvoir financer leur formation, etc. Quand on se sent mal dans sa vie professionnelle, je ne peux qu’encourager à chercher comment s’épanouir autrement. Tout est possible, il suffit d’être motivé et de chercher. Moi je puise chaque jour ma motivation dans le sourire de mes enfants et la volonté de leur offrir une vie stable !
Le parcours de Nadia est atypique. C’est un témoignage poignant et touchant qui nous fait réfléchir sur comment allier réussite professionnelle et épanouissement personnel dans une famille monoparentale. Nadia a passé son enfance à l’étranger et elle n’a qu’une envie c’est de pouvoir y retourner pour y vivre et y travailler. Une phrase qui fait réfléchir : « Just stop for a while … Look … »
François
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